Les 5 catégories d'aménagements actifs
Les 5 catégories d'aménagements actifs
Et si à force de vouloir se différencier, les espaces publics finissaient par se ressembler tous ? C’est l’étonnant paradoxe soulevé par la chercheure Sonia Curnier au terme de son travail de thèse, basé sur l’analyse approfondie – et la comparaison minutieuse – d’une quinzaine d’espaces publics européens aménagés entre 2000 et 2015.
C’est un constat que nous avons tous faits à l’occasion d’un séjour dans une capitale européenne ou une métropole française : les espaces publics sont désormais des éléments phares de l’aménagement urbain contemporain. De nombreuses villes utilisent ces lieux pour assoir leur identité, faire montre de leur attractivité, de leur dynamisme et de leur modernité. Ces dernières années, les réalisations en la matière ont rivalisé d’inventivité.
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Un dessin de lignes parallèles blanches met en valeur le sol sculpté de l'espace public Superkilen, à Copenhague. |
[Source : L'auteur => Journaliste spécialisée dans les questions urbaines, Vanessa Delevoye est la rédactrice-en-chef d'Urbis le mag. extrait de la'article https://www.urbislemag.fr/index.php?page=blog_lire&id=60 ]
Ces cinq stratégies de conception posent chacune à leur manière la
question du rapport que tisse l’espace public avec son contexte. En
proposant des formes et des matérialités jamais utilisées auparavant, en
faisant référence à des inspirations lointaines ou en véhiculant de
nouveaux symboles, elles ont paradoxalement donné naissance à des
solutions d’aménagement transposables d’une ville à une autre. Si bien
que l’on peut aujourd’hui retrouver, dans de nombreuses localités,
certains d’entre eux devenus très populaires telles les peintures de
sol, les couleurs vives et tranchées, les sols sculptés, les méga
toitures ou encore les forêts urbaines.
Construire
Les espaces publics construits ont pour marque de fabrique d’aborder l’espace public de manière tridimensionnelle, en érigeant une grande structure bâtie, sans fonction spécifique prédéfinie. « L’immense couvert réfléchissant du Vieux Port de Marseille, signé Foster & Partners, Michel Desvigne et Tangram architectes en est un bon exemple : la toiture est conçue comme un lieu de rencontre protégé, où la foule vient s’amuser à observer son reflet dans le miroir disposé en plafond. Au MFO-Park à Zurich (photo à la fin de l'article), la structure métallique envahie de plantes grimpantes, imaginée par un duo de paysagistes et d’architectes locaux, devient même habitable, les citadins pouvant y monter pour s’installer sur des plateformes aménagées."
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L’immense couvert réfléchissant du Vieux Port de Marseille. |
Modeler
Les espaces publics modelés présentent des sols façonnés en reliefs, un peu comme si on avait voulu recréer artificiellement des paysages accidentés : le sol n’est plus plat, on le sculpte de manière à former des collines et des vallons. « Il y a une grande part ludique et une volonté de créer des sensations corporelles dans ces aménagements », commente Sonia Curnier. On peut y lire une volonté de rompre avec la rationalité et la monotonie urbaine, offrant aux citadins une autre manière d’arpenter la ville, en prenant de la hauteur.
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Kalvebod Bølge à Copenhague : un exemple d'espace public modelé. |
Activer
Les espaces publics activés puisent, eux, dans un registre traditionnel (bois, métal, formes simples) mais en proposant de nouveaux usages ludiques, hédoniques, conviviaux, plus contemporains, de manière à suggérer de nouvelles pratiques urbaines. « Cette préoccupation s’illustre notamment par une infinité de créations de mobilier urbain, développées tant par des designers, architectes ou paysagistes que par des fabricants industriels. On assiste par exemple à une multiplication du « mobilier de farniente » symbolisé par le développement de larges banquettes d’usage indéfini, laissant aux citadins une liberté dans la manière de s’y installer et notamment de s’y allonger confortablement. Dans cette mouvance, on trouve aussi les fontaines déclinées sous la forme de jeux aquatiques ou de vastes bassins permettant de se rafraîchir les jours de grande chaleur. »
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Place de la République à Paris, un espace public activé |
Ornementer
Les espaces publics ornementés adoptent des revêtements de sols singuliers qui déterminent l’identité future de l’espace. « Fréquemment qualifiées de "tapis" (carpet strategy), les stratégies d’aménagement focalisées sur le revêtement de sol se déclinent sous la forme de motifs abstraits ou figuratifs, inspirés des arts plastiques, graphiques et décoratifs. En parallèle à ces explorations picturales, certains concepteurs mettent en œuvre de grands aplats de couleurs vives permettant de caractériser un espace par un geste simple, et avec relativement peu de moyens. On retrouve cette tendance également réinterprétée dans des aménagements faisant appel à des matériaux plus traditionnels. Ainsi, pavés ou dallettes – des revêtements classiques de l’espace public – sont-ils détournés selon une démarche plus picturale et expressive. »
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Superkilen à Copenhague : un aplat rouge, exemple d'espace public ornementé. |
Naturer
Enfin, les espaces publics "naturés" consistent à créer un morceau de nature complètement artificiel en puisant dans un registre de nature sauvage, en rupture avec le langage urbain habituel. « On voit par exemple des places se transformer en véritables forêts urbaines. Cette tendance surfe parfois sur la vague verte ; la véritable plus-value environnementale de l’approche restant encore à démontrer. »
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EELV promet une forêt urbaine à la Part-Dieu |
[Source : L'auteur => Journaliste spécialisée dans les questions urbaines, Vanessa Delevoye est la rédactrice-en-chef d'Urbis le mag. extrait de la'article https://www.urbislemag.fr/index.php?page=blog_lire&id=60 ]
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